La coupe du monde de David Kirk

Courte mais intense : c’est en résumé la carrière rugbystique de David Kirk. Il débute chez les Blacks en 1985 et hérite du capitanat un an plus tard à la faveur de l’épisode des Cavaliers. En 1987, celui en qui les Néo-Zélandais voient le « gendre idéal », mène les All Blacks au titre de champion du monde avant de couper avec le rugby pour se consacrer à sa carrière professionnelle.
Il raconte ces deux années au cours desquelles il refusa de participer à la tournée des Cavaliers avant de prendre la tête des « Baby Blacks » pour finalement disputer la première coupe du monde avec les vrais All Blacks.

Les Cavaliers
« Tous les rugbymen néo-zélandais voulaient aller jouer l’Afrique du Sud en Afrique du Sud où nous n’avions remporté une série de tests. Comme la tournée de 1985 avait été annulée à la dernière minute, je pense qu’il y a eu un sentiment de solidarité au sein du groupe pour se dire « Allons en Afrique du Sud ». Mais la réalité, c’est qu’avoir des contacts avec l’Afrique du Sud de l’Apartheid n’était pas une bonne chose, surtout que c’était une tournée rebelle. Nous ne représentions rien et il y avait l’odeur de l’argent. »

Le capitanat
« Nous nous sommes entraînés la veille du match contre l’Italie. Andy qui était déjà blessé à la cuisse a commencé l’entraînement sans savoir s’il serait capable de suivre. Cinq minutes plus tard, il s’est pris la cuisse et s’est tourné vers Brian Lochore pour lui dire qu’il ne pourrait pas jouer. Lochore s’est tourné vers moi et m’a dit : « tu seras le capitaine ». »

« J’avais envie de pratiquer un rugby plus ouvert que mes prédécesseurs. De prendre des risques »

« J’ai eu la chance de devenir capitaine jeune. A seulement 25 ans, l’âge auquel on a un esprit encore assez aventurier. J’avais envie de pratiquer un rugby plus ouvert que mes prédécesseurs. De prendre des risques. Ce changement de style nécessitait  plus de communication au sein du groupe tout en essayant de contenir une pression allant grandissant. »

Les matchs du premier tour
« Dès le premier match contre l’Italie, j’ai compris que nous avions l’équipe la plus talentueuse parmi toutes celles avec lesquelles j’avais pu jouer sous le maillot des All Blacks. »

« Nous avons commencé à bien joué contre l’Argentine. L’Argentine avait décroché un nul contre nous en 1985. Ils avaient une équipe solide et des bons joueurs comme Hugo Porta. »

« Nous avions l’équipe la plus talentueuse parmi toutes celles avec lesquelles j’avais pu jouer sous le maillot des All Blacks »

Le quart contre l’Ecosse
« Bien que le match contre les Pumas ait été difficile, le premier véritable test a eu lieu en quart de finale contre l’Ecosse au Lancaster Gate. Les Ecossais avaient très bien joué lorsqu’ils avaient arraché un nul contre la France et n’avaient fini deuxième de leur poule qu’à la différence de points. C’était alors la deuxième meilleure équipe d’Europe. Ce ne fut pas un match facile et nous ne nous sommes vraiment détachés que grâce à un essai en fin de match. »

La demi contre le Pays de Galles
« Contre l’Ecosse, nous avons définitivement mis en place nos combinaisons. Quand nous avons dû affronter le Pays de Galles, nous avons trouvé nos automatismes très tôt et le pack gallois n’a pas résisté. »

La finale contre la France
« Nous avons gardé le meilleur pour la fin. La France était vraiment d’un autre niveau – ils avaient des avants très forts et leur ligne de trois-quarts ressemblait à un who’s who des légendes du rugby français avec Philippe Sella, Pierre Berbizier ou Serge Blanco. Nous avions perdu le dernier test contre l’année d’avant et ils venaient de gagner le dernier Tournoi. »

« Nos matchs de poule avaient été relativement faciles, tout comme notre demi-finale contre le Pays de Galles. Nous avons pu conserver toutes nos forces pour la finale pour laquelle on s’est surtout préparés mentalement. On savait que ce serait la guerre mais on savait aussi que la France était émoussée après son match contre l’Australie. »

« J’ai juste ressenti un moment d’anxiété à la mi-temps. Cela a d’ailleurs été mon seul moment de toute dans la compétition »

« J’ai juste ressenti un moment d’anxiété à la mi-temps. Cela a d’ailleurs été mon seul moment de toute dans la compétition. Il n’y avait que 9-0… et ce n’était plus un match de rugby mais un véritable bras de fer. Dans les vestiaires, j’ai dû recentrer l’équipe. J’ai demandé à mes coéquipiers de se concentrer sur le sale boulot. De se montrer encore plus dur en mêlée et sur les placages. »

« Au moment où j’ai franchi la ligne pour marquer mon essai, j’ai ressenti quelque chose d’extraordinaire. Je me rappelle avoir frappé le sol et m’être dit : « nous sommes champions du monde ! ». »

La remise de la coupe
« C’est un moment très complexe à expliquer. L’Eden Park est un vieux stade. Pour accéder à la coupe présentée par Albert Ferrasse, il fallait passer dans un tunnel puis monter des escaliers sous la tribune. J’avais la sensation d’être tout seul car je marchais devant les autres joueurs. J’étais fier. Ce n’était que du bonheur. Incroyable. Mais j’étais également mélancolique. Je savais que lorsque j’allais tourner au coin, en haut de cette tribune… ce serait presque fini. Je savais que c’était la première fois et la dernière fois que je vivais ça. Je devais arrêter le rugby… et partir étudier en Angleterre. »

A LIRE AUSSI
All Blacks 1987 : soleil noir
Coupe du monde 1987 : la rétro

SOURCES
« Captain Kirk recalls victory » : bbc, 18 novembre 2003
« Black gold » : the guardian, 2 septembre 2007
“World Cup destiny for captain Kirk” : rugbyworldcup.com, 3 août 2007
« 1987-2007 : vingt ans de coupe du monde » : L’Equipe Magazine, 25 août 2007

 

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David Kirk a connu une carrière courte mais intense. Il début chez les Blacks en 1985 et hérite du capitanat un an plus tard à la faveur de l’épisode des Cavaliers. En 1987, celui en qui les Néo-Zélandais voient le « gendre idéal », mène les All Blacks au titre de champion du monde avant de couper avec le rugby pour se consacrer à sa carrière professionnelle.

Il raconte ces deux années au cours desquelles il refusa de participer à la tournée des Cavaliers avant de prendre la tête des « Baby Blacks » pour finalement disputer la première coupe du monde avec les vrais All Blacks.

 

Les Cavaliers

« Tous les rugbymen néo-zélandais voulaient aller jouer l’Afrique du Sud en Afrique du Sud où nous n’avions remporté une série de tests. Comme la tournée de 1985 avait été annulée à la dernière minute, je pense qu’il y a eu un sentiment de solidarité au sein du groupe pour se dire « Allons en Afrique du Sud ». Mais la réalité, c’est qu’avoir des contacts avec l’Afrique du Sud de l’Apartheid n’était pas une bonne chose, surtout que c’était une tournée rebelle. Nous ne représentions rien et il y avait l’odeur de l’argent. »

 

Le capitanat

« Nous nous sommes entraînés la veille du match contre l’Italie. Andy qui était déjà blessé à la cuisse a commencé l’entraînement sans savoir s’il serait capable de suivre. Cinq minutes plus tard, il s’est pris la cuisse et s’est tourné vers Brian Lochore pour lui dire qu’il ne pourrait pas jouer. Lochore s’est tourné vers moi et m’a dit : « tu seras le capitaine ». »

 

« J’avais envie de pratiquer un rugby plus ouvert que mes prédécesseurs. De prendre des risques »

 

« J’ai eu la chance de devenir capitaine jeune. A seulement 25 ans, l’âge auquel on a un esprit encore assez aventurier. J’avais envie de pratiquer un rugby plus ouvert que mes prédécesseurs. De prendre des risques. Ce changement de style nécessitait  plus de communication au sein du groupe tout en essayant de contenir une pression allant grandissant. »

 

Les matchs du premier tour

« Dès le premier match contre l’Italie, j’ai compris que nous avions l’équipe la plus talentueuse parmi toutes celles avec lesquelles j’avais pu jouer sous le maillot des All Blacks. »

 

« Nous avons commencé à bien joué contre l’Argentine. L’Argentine avait décroché un nul contre nous en 1985. Ils avaient une équipe solide et des bons joueurs comme Hugo Porta. »

 

« Nous avions l’équipe la plus talentueuse parmi toutes celles avec lesquelles j’avais pu jouer sous le maillot des All Blacks »

 

Le quart contre l’Ecosse

« Bien que le match contre les Pumas ait été difficile, le premier véritable test a eu lieu en quart de finale contre l’Ecosse au Lancaster Gate. Les Ecossais avaient très bien joué lorsqu’ils avaient arraché un nul contre la France et n’avaient fini deuxième de leur poule qu’à la différence de points. C’était alors la deuxième meilleure équipe d’Europe. Ce ne fut pas un match facile et nous ne nous sommes vraiment détachés que grâce à un essai en fin de match. »

 

La demi contre le Pays de Galles

« Contre l’Ecosse, nous avons définitivement mis en place nos combinaisons. Quand nous avons dû affronter le Pays de Galles, nous avons trouvé nos automatismes très tôt et le pack gallois n’a pas résisté. »

 

La finale contre la France

« Nous avons gardé le meilleur pour la fin. La France était vraiment d’un autre niveau – ils avaient des avants très forts et leur ligne de trois-quarts ressemblait à un who’s who des légendes du rugby français avec Philippe Sella, Pierre Berbizier ou Serge Blanco. Nous avions perdu le dernier test contre l’année d’avant et ils venaient de gagner le dernier Tournoi. »

 

« Nos matchs de poule avaient été relativement faciles, tout comme notre demi-finale contre le Pays de Galles. Nous avons pu conserver toutes nos forces pour la finale pour laquelle on s’est surtout préparés mentalement. On savait que ce serait la guerre mais on savait aussi que la France était émoussée après son match contre l’Australie. »

 

« J’ai juste ressenti un moment d’anxiété à la mi-temps. Cela a d’ailleurs été mon seul moment de toute dans la compétition »

 

« J’ai juste ressenti un moment d’anxiété à la mi-temps. Cela a d’ailleurs été mon seul moment de toute dans la compétition. Il n’y avait que 9-0… et ce n’était plus un match de rugby mais un véritable bras de fer. Dans les vestiaires, j’ai dû recentrer l’équipe. J’ai demandé à mes coéquipiers de se concentrer sur le sale boulot. De se montrer encore plus dur en mêlée et sur les placages. »

 

« Au moment où j’ai franchi la ligne pour marquer mon essai, j’ai ressenti quelque chose d’extraordinaire. Je me rappelle avoir frappé le sol et m’être dit : « nous sommes champions du monde ! ». »

 

La remise de la coupe

« C’est un moment très complexe à expliquer. L’Eden Park est un vieux stade. Pour accéder à la coupe présentée par Albert Ferrasse, il fallait passer dans un tunnel puis monter des escaliers sous la tribune. J’avais la sensation d’être tout seul car je marchais devant les autres joueurs. J’étais fier. Ce n’était que du bonheur. Incroyable. Mais j’étais également mélancolique. Je savais que lorsque j’allais tourner au coin, en haut de cette tribune… ce serait presque fini. Je savais que c’était la première fois et la dernière fois que je vivais ça. Je devais arrêter le rugby… et partir étudier en Angleterre. »

 

A LIRE AUSSI

All Blacks 1987 : soleil noir

https://rucknmaul.wordpress.com/2010/10/22/all-blacks-1987-l%E2%80%99oeuvre-au-noir/

Coupe du monde 1987 : la rétro

https://rucknmaul.wordpress.com/2010/09/10/coupe-du-monde-1987-la-retro/

 

SOURCES

« Captain Kirk recalls victory » : bbc, 18 novembre 2003

« Black gold » : the guardian, 2 septembre 2007

“World Cup destiny for captain Kirk” : rugbyworldcup.com, 3 août 2007

« 1987-2007 : vingt ans de coupe du monde » : L’Equipe Magazine, 25 août 2007

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