Coupe du monde 1987 : la rétro

Organisée en Australie et Nouvelle-Zélande, cette première édition de la coupe du monde est encore baignée de l’amateurisme. Les Fidjiens surprennent, la France étonne et pour une fois, les Blacks l’emportent. Avec une maîtrise dans le jeu rarement atteinte.

La préparation

C’est à Paris en 1985 lors d’une réunion de l’International Board qu’est prise la décision d’organiser ce qu’on n’appelle pas encore la coupe du monde mais un « tournoi international ». La Nouvelle-Zélande et l’Australie sont désignés comme pays organisateurs et préparent l’événement à la hâte.
Il n’y a pas de qualification mais des invitations sont lancées à 16 pays. Dans un premier temps, l’Afrique du Sud, alors totalement boycottée par le monde sportif en raison de son régime d’Apartheid, n’est pas invitée. Une invitation lui fut finalement adressée mais les dirigeants de la SARFU ne lui donnèrent pas de suite.

Amateurisme

« Nous sommes 26 dans cette équipe : 26 amateurs, se souvient Daniel Dubroca, capitaine de l’équipe de France. Pour jouer cette coupe du monde, chacun a du mettre entre parenthèses sa vie professionnelle. Daniel Erbani était commercial et pendant ces longues semaines de compétitions, il ne gagne pas sa vie. Pascal Ondarts était à la Lyonnaise des Eaux, il a du prendre un congés sans solde. De mon côté, j’ai engagé du personnel pour mon exploitation agricole. On touche chacun une indemnité forfaitaire de 150 francs par jour et je suis certain que chacun d’entre nous les aurait donnés pour vivre ces moments. »

« Cette coupe du monde, finalement, c’était le Moyen-âge (…) une seul équipe de télévision française nous suivait : Antenne 2. Je crois qu’ils n’étaient que cinq »

Son compère de la première ligne, Jean-Pierre Garuet met quant à lui plutôt l’accent sur l’absence de médiatisation de l’événement : « cette coupe du monde, finalement, c’était le Moyen-âge (…) une seul équipe de télévision française nous suivait : Antenne 2. Je crois qu’ils n’étaient que cinq. »

Les déceptions

Les Britanniques ne brillèrent pas durant cette Coupe du monde à commencer par les Anglais qui se firent sortir sans gloire en quarts de finale par de tristes Gallois (16 à 3). Cette élimination devait être un électrochoc pour la RFU qui repensa complètement son mode de fonctionnement au lendemain de la coupe du monde.

Les révélations

On connaissait un peu les rugbys roumain, italien et argentin mais pratiquement pas ceux de l’Océanie. Cette Coupe du monde fut donc l’occasion de découvrir les sélections tongiennes et fidjiennes, cette dernière se hissant même en quart de finale, quart de finale au cours duquel elle inquiéta beaucoup le quinze de France.

L’exploit

Il eut lieu au Concord Oval de Sydney le 13 juin lors d’une demi-finale restée dans la légende entre l’Australie et la France. Au terme d’un match aux reversements incessants et aux actions plus sublimes les unes que les autres, la décision intervint dans les arrêts de jeu, après une action interminable, avec l’essai en coin de Blanco. « La victoire de la France est une gloire pour le rugby » reconnut beau joueur l’entraîneur australien Alan Jones.

« La victoire de la France est une gloire pour le rugby »

Abattus, les Wallabies ne parvinrent pas à décrocher la 3ème place, battus dans la petite finale par de surprenants Gallois (22-21).

Le champion

La finale qui oppose la Nouvelle-Zélande à la France à l’Edne Park d’Auckland est la revanche du match de Nantes, six mois plus tôt. Les Blacks, sur leur sol, sont sûrs d’eux quand les Français sont fatigués par leur demi-finale et hésitants. Il n’y a pas de suspense. Les All Blacks l’emportent 29 à 9, leurs trois essais étant signés par trois des joueurs les plus méritants de la compétition, Michael Jones, John Kirwan et leur capitaine, David Kirk (Berbizier sauva l’honneur français dans les dernières minutes). Comme un symbole, c’est Albert Ferrasse, président de la fédération française mais aussi de l’international board, qui lui remis la coupe.

« Aucune équipe depuis, n’a influencé le jeu comme les All Blacks de David Kirk et Wayne Shelford »

Ce sacre des All Blacks était des plus logiques. Ils ont maîtrisé leur jeu sur l’ensemble de l’épreuve, innovant sans cesse (avec les mauls dynamiques par exemple) et lui apportant même un supplément d’âme. Pour Jacques Verdier, c’était tout simplement « le plus beau rugby qui se puisse concevoir sur les vingt dernières années (…) Aucune équipe depuis, je le jurerais, n’a influencé le jeu comme les All Blacks de David Kirk et Wayne Shelford. »

Faits divers

* 426 joueurs ont participé à cette première coupe du monde
* Contre le Zimbabwe, Didier Camberabero porte à 30 le record de points marqués par un joueur dans un match international
* Par conviction religieuse, Michael Jones refuse de joueur le dimanche et rate de ce fait la demi-finale des All Blacks contre le Pays de Galles
* Les audiences cumulées de cette coupe du monde n’excède pas les 300 millions de téléspectateurs (contre plus de quatre milliards vingt ans plus tard)
* Sport encore totalement amateur, le rugby commence à basculer vers le professionnalisme avec cette coupe du monde

L’équipe de la coupe du monde 1987

Blanco (France) – Campese (Australie) ; Sella (France) ; Taylor (NZ) ; Kirwan (NZ) – J. Davies (Galles) ; Kirk (NZ) – Champ (France) ; Shelford (NZ) ; M. Jones (NZ) – G. Whetton (NZ) ; Lorieux (France) – Ondarts (France) ; Fitzpatrick (NZ) ; Garuet (France)

1987, c’était aussi…

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1. « Come on Pilgrim » des Pixies
2. « Abracadaboum » des Béruriers Noirs
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